
« Il paraît que c’est dingue, les mecs mettent en crabe des caisses à millions ! »
Voilà, c’est à peu près ce qu’on s’est dit avec les potes quand on a caressé l’idée de se pointer là-bas il y a quelques mois…
Une fois sur la route, soigneusement déguisés en crapules des années 40, nous essayons péniblement, pied au plancher de notre petite coccinelle, de tenir le rythme de la 993 turbo de notre voisin de wagon rencontré préalablement dans l’Euro-tunnel.
Sur les petites départementales de l’Essex, on commence à sentir l’émulation… Toutes les anciennes filent bon train dans une campagne anglaise ensoleillée par les derniers rayons de l’été. L’espace d’un instant, nous sommes dans une faille spatio-temporelle qui regroupe tout ce que l’automobile a délivré de meilleur ces 50 dernières années !
L’interminable parking visiteur pourrait presque faire figure d’attraction principale. On y croise de tout, mais du tout bon ! Mention spéciale cependant pour les machines anglaises et leurs chromes aristocratiques. Quoi de mieux que de se recoiffer à l’aide du capot soigneusement astiqué de sa jaguar type-e en complet tweed vert ? C’est peut être ça le finalement… Hurler au stade le samedi soir massivement imbibé au houblon, mais ne pas oublier d’être impeccable au rassemblement d’anciennes le dimanche.
À peine à l’intérieur, j’aperçois un groupe de mods qui déambule autour des Mini pendant que des pin-ups, robes à pois, dansent avec des militaires américains sur quelques-uns des tout premiers morceaux des Stones.
Implanté dans un bâtiment d’époque, Porsche présente sa toute nouvelle 356 alors que BMW nous livre les nouveaux coloris pastels de sa petite 700. C’est plutôt plaisant un salon de l’auto avec de la ronce de noyer, des chromes et de la Bakélite…
Pendant ce temps là, on distingue à l’oreille un paquet de mecs qui ont manifestement du plomb dans la godasse droite. Ça barde sévère à côté, il est temps de gicler voir ça.
En passant par les paddocks, un groupe de mécanos coiffés de bérets s’attelle à débosseler au marteau l’aile bien malheureuse d’une 275 GTB pendant que résonne le guttural ralenti de la Sting Ray qui lui est voisine.
Ça y est, les pilotes ont fini de s’échauffer alors que les vocalises des machines redoublent d’intensité. Vu les noms sur la grille et les bagnoles, je pense qu’on peut oublier l’eco-drive pour aujourd’hui. Ça va bagarrer sec !
Chacun bataille avec ses armes et sa chiotte, c’est grandiose ! Des petits coupés Bertone fluets et agiles aux gros big blocks américains patauds, le spectacle est total ! Cependant, il n’est pas question ici d’exhibition. On freine tard, on relance fort et parfois on sort ! Faire du jardinage en type-E, voilà encore un concept purement britannique.
Le coucher de soleil tapisse la route d’une douce lumière rosée et donne encore un peu plus de cachet au long cortège d’anciennes qui repartent vers le continent. Hors du temps l’espace d’une journée, nous avons vu ce que l’on ne voit jamais ! Ce genre d’événement représente un peu le rêve ultime, le graal, un espèce de juste équilibre entre bon goût, fun et compétition. Tout y est les mecs, ne changez rien, on revient l’an prochain !
