Texte & Photos : Greg Bronard

À 5 ans, j’étais déjà passager derrière la 1000 GL de 79 de mon père, je prenais même place derrière ses potes en 600 DR lors de virée off-road dans les chemins de la banlieue parisienne. Difficile d’oublier ces premières balades, cette sensation de liberté et de plaisir. Depuis petit, je côtoie cet univers, j’ai cette âme de motard en moi. 

À 17 ans j’ai eu ma première motocross, une 125 YZ de 1988, déjà bien vintage à l’époque, car niveau budget c’était ça ou rien. J’avais travaillé une saison pour l’acheter et ensuite j’ai fait mes premières courses avec en Corrèze (un paradis pour le TT). Cette moto, c’était un vrai tracteur. Je n’ai bien évidemment jamais gagné une course mais je n’ai jamais abandonné pour casse mécanique. Ces années de jeunesse à rouler en 2T ont duré quelques temps avec différentes motos puis la vie professionnelle a pris son chemin et avoir le cul sur la moto n’est devenu qu’un souvenir. 

Ces dix dernières années l’envie de passer le permis moto était là. Quand tu aimes la moto c’est l’objectif principal, mais la vie fait qu’il y a des choses plus importantes a gérer, il y a et aura toujours une raison pour décaler. Alors place aux priorités et on verra ça l’année prochaine ! À force de repousser il s’est écoulé 10 ans, le temps passe vite, trop vite. 

Mon job de photographe m’offre la possibilité de partager cette passion pour la moto à travers mon objectif, mais l’envie d’inverser les rôles est de plus en plus présente. Cette année il est temps de passer à l’action et de passer ce fichu permis ! 

C’est bon, j’ai eu le plateau, et il fallait mieux car dans deux semaines passe la réforme du nouveau permis. C’est parti pour une grosse journée de conduite puis place a l’examen circulation, no stress c’est juste une formalité. 

Et merde, je me suis fait recaler. 

Le fameux moment où tu es dans le flou total car tu n’as pas fait de grosse erreur mais seul l’avis de l’inspecteur compte. Avec la réforme, avoir une nouvelle place rapidement ne va pas être facile. Je bad déjà d’attendre 2 mois pour repasser cette formalité qui n’en est plus une aujourd’hui, passer le permis dans Mérignac à l’heure de pointe avec un inspecteur au cul qui attend la moindre erreur pour te sanctionner, c’est pas l’idéal, surtout qu’il pleut des trombes d’eau, et oui nous sommes encore en hiver.

Au final j’ai attendu moins de 15 jours, l’avantage d’être disponible. Et je suis fier d’avoir mon permis en poche, enfin !

« Ces dix dernières années l’envie de passer le permis moto était là. Quand tu aimes la moto c’est l’objectif principal, mais la vie fait qu’il y a des choses plus importantes a gérer, il y a et aura toujours une raison pour décaler »

Concernant la moto, je l’ai déjà trouvée. J’ai craqué sur cette jolie néo-rétro qui colle parfaitement à mon envie d’évasion et d’aventure et elle est également parfaite pour les deux ans de permis A2. La moto est déjà réservée depuis 3 semaines, chez Ducati Marseille, le transporteur vient de la charger pour me la livrer ! Une Ducati Scrambler Desert Sled bicylindre de 800cc, parfait pour la route, et surtout hors des sentier battus. C’est un gros coup de cœur, il va falloir que je lui trouve un petit nom. J’ai reçu la CG, le carnet d’entretien et le double de clefs. La moto est toujours avec le transporteur depuis bientôt 10 jours, et même si j’arrive à être patient j’avoue qu’il commence à me tarder de mettre le premier tour de clef, l’avantage est que j’ai déjà lu trois fois le manuel d’utilisateur. 

Je ne sais plus qui m’a dit un jour « Une Ducati, ça se mérite ». Rien ne se passe jamais comme on l’aimerait. La crise sanitaire du COVID-19 vient corser les choses. Nous sommes lundi 16 et ce soir notre Président va nous annoncer un confinement pour une durée probablement longue, et certains transporteurs vont être à l’arrêt . J’arrive à joindre le transporteur et à ma surprise, la moto est bloquée près d’Agen (à 228 km de chez moi) en attente d’évolution et recommandation dû au confinement. Par contre il est possible de la récupérer sur place avant le lendemain 12h. Le confinement commence à 12h. Il est 12h03 et j’arrive à temps au dépôt avant la fermeture et je récupère « Désirée ». Oui ! Je lui ai trouvée son petit nom. 

À peine récupérée et déjà 125 km d’autoroute, 20 km de rocade déserte et enfin le reste du trajet avec quelques virages sympathiques au milieu des pins pour rejoindre le Nord Médoc. J’avais pas imaginé la réception dans ces conditions. 

Et bien voila, Désirée est enfin dans le garage, j’ai le permis en poche et une pandémie mondiale nous plonge dans un confinement pour une durée encore inconnue. 

Bon, il y a plus grave et le plus important est fait !

À ce rythme, dans un mois il y aura une piste de flat-track dans le jardin. J’ai la chance d’avoir de la place dans le terrain, et un champ juste en face. J’avais trois excuses pour mettre un tour de clé à la belle : Entendre ronronner le doux son italien du Termignoni, l’essayer en mode off-road et réaliser quelques photos pour cet article. Je peux vous dire que malgré les deux-cents kilos à tenir, il me tarde de pouvoir partir à l’aventure hors des sentiers battus et me familiariser avec. Nous avons encore un bout de chemin à parcourir afin de faire connaissance.