Texte & Photos : Julien Al

1er mai 2019, fête du travail, c’est la journée idéale pour en apporter à Nico, mon ami de longue date.

D’un pas hâtif je marche en direction de mon parking. Je reçois un texto, mon Blablacar est arrivé, il m’attend au café Eugène en bas de chez moi, je lui décris la voiture accompagné d’un « j’arrive » et accélère encore le pas en me disant que la soirée de la veille n’était peut-être pas nécessaire.
Pas le temps de faire les niveaux, j’ai confiance en ce bon vieux M30, un tour de clé et me voilà devant le café sous les yeux étonnés de mon co-voitureur qui ne s’attendait pas vraiment à faire 6h de route là-dedans.

Nous voilà partis pour un Paris-Quimper, j’avais un peu prévu ce voyage à l’arrache et sans vraiment faire attention au trajet ni à sa durée, après une bonne partie de routes nationales et voyant l’horloge tourner je décide donc de rejoindre l’autoroute pour en finir.

C’est à ce moment précis que l’idée de ce mini roadtrip a germé.

J’ai déposé la voiture à Quimper chez Nicolas pour quelques modifications mais maintenant qu’elle est en Bretagne, et après 12h de route aller-retour dans la journée, ce serait bête de ne pas en profiter.

Ma date de départ pour la récupérer n’est pas encore connue, mais une chose est sûre, je vais visiter la région Bretonne dont j’ignore à peu près tout.

De retour à Paris, quelques recherches sur les internets plus tard, quelques spots ressortent et me permettent de tracer les prémices de mon itinéraire, parmi eux : La côte sauvage, le cap Fréhel, la pointe du Raz ou encore la côte de granit rose.

Tout ça nous porte quelques semaines plus tard, après quelques galères de dernière minute (ce serait moins drôle sinon), je laisse mon pote Nico aux portes de son atelier et part à Brest retrouver ma copine qui m’attend déjà depuis une bonne heure à la gare.

Notre trajet se concentrera finalement sur la partie Sud de la Bretagne, quelques Kodak Gold 200, les deux boitiers argentiques dans la boîte à gants, on peut y aller.

La première étape se nomme la pointe de Pen-hir et ses “tas de Pois” situés dans la presqu’île de Crozon. La falaise qui peut atteindre jusqu’à 90m au dessus de la Mer d’Iroise, ouvre ce trip de la meilleure des manières avec ses impressionnantes roches sculptées qui m’en mettent plein les yeux, pendant que le vent, lui, est affairé à nous recoiffer.

Quelques kilomètres plus loin, nous rallions Locronan, un village de moins de 1000 habitants et son passé superbement préservé dans lequel nous ne nous attarderons pas mais qui méritait un passage tant son authenticité est une denrée rare en France.

La belle commune d’Audierne et son port seront notre point de chute pour la nuit mais afin d’exploiter les derniers rayons de soleil, autant se rendre au point le plus à l’Ouest du pays pour essayer de tirer quelques clichés : La pointe du Raz.

15km séparent Audierne de la pointe, mais une fois sortis de la ville nous sommes frappés par notre propre solitude. Aucun signe de vie à l’horizon, aucune voiture croisée en sens inverse, aucune silhouette dans les rues, des volets fermés à perte de vue comme si un ouragan avait frappé la région la veille. Seul le bruit du 6 en ligne allemand accompagné de ses phares jaunes viennent percer le silence qui pèse.

La voiture posée quelques centaines de mètres avant l’entrée nous marcherons une bonne vingtaine de minutes avant d’atteindre le bord de la pointe qui impressionne tout de suite par sa grandeur. La vue est saisissante et nous laisse un sentiment de petitesse face à l’immensité de la nature, malgré une météo capricieuse et des nuages venus en nombre qui briseront tous mes espoirs d’une hypothétique lumière rasante de fin de soirée. Nous resterons face à l’Océan, vissés sur la roche à admirer le spectacle jusqu’à ce que la pénombre gagne totalement la côte et nous invite à rejoindre la voiture pour rattraper quelques heures de sommeil perdues.

Nous aurons le soleil avec nous en ce samedi. Et ça tombe à point nommé puisqu’on emprunte la route… du soleil ! Ce circuit touristique de plus de 70km relie la pointe du Raz à Penmarch en longeant la côte et nous livre parfois un spectacle qui me fait presque regretter d’être derrière le volant avec l’obligation de regarder la route.

Un arrêt à la pointe de la Torche, spot de surf très réputé en Bretagne semble obligatoire.

J’ai rencontré Nico il y a maintenant plus de 10 ans, à cette époque où il roulait une brave E21 et déménageait souvent.

Passionné par l’automobile, il y a consacré quelques heures de son parcours professionnel, notamment à réaliser des pièces pour la compétition auto.

Il était déjà à l’origine des combinés filetés de mon ex E21, c’est donc tout naturellement que l’on a remis le couvert pour ma nouvelle monture, cette fois-ci avec des combinés sur base de Bilstein B6.

Aujourd’hui, son domaine c’est l’essence mais forestière, il conçoit et réalise du mobilier sur mesure pour son propre compte et avec Baptiste son associé, la société s’appelle Le Fruit de l’Arbre (l’Instagram est ici) et le travail y est soigné.

Après un stop par Concarneau et sa ville clôse (une cité fortifiée construite sur un îlot qui donne l’impression d’une ville dans la ville), l’arrêt au stand du samedi soir se fera sur la presqu’île de Quiberon située au sud du Morbihan. 

Quiberon et sa côte sauvage sont un spectacle permanent, un match à ciel ouvert où les vagues viennent frapper les falaises qui encaissent chaque coup reçu. En fin de journée lorsque les derniers rayons du soleil commencent à effleurer la roche, les lumières rasantes entrent en jeu et amènent une toute autre dimension à ce spectacle, l’écume se voit traversée de rayons dorés tandis que le ciel se pare petit à petit d’une robe rose. À la fois beau et violent comme un film de Winding Refn, il n’y a qu’à ouvrir ses sens et admirer la nature dans ce qu’elle a de plus beau à offrir.

À la fois beau et violent comme un film de Winding Refn, il n’y a qu’à ouvrir ses sens et admirer la nature dans ce qu’elle a de plus beau à offrir.

À la fois beau et violent comme un film de Winding Refn, il n’y a qu’à ouvrir ses sens et admirer la nature dans ce qu’elle a de plus beau à offrir.

La voiture nous attend, je ne me fais pas prier, nous longeons la côte pour profiter des derniers battements du soleil au son du six et quelques enchaînements de courbes nous amènent jusqu’au château Turpault, un manoir privé datant de 1900, qui jonche l’Océan et qui marque la fin de la côte sauvage.

On en aura pris plein les yeux ce soir.

Une nuit de sommeil et un petit-déjeuner copieux plus tard, les bagages chargés : cap rapide sur la Roche Bernard, le point le plus au sud de notre trip pour y dépenser nos dernières heures. Le Sarah B nous accueillera pour notre dernier repas en Bretagne du week-end et c’est déjà l’heure de rentrer à Paris.

C’est avec peu d’engouement que l’on prend la route direction la capitale, je parle déjà d’un hypothétique retour pour découvrir la partie Nord. 

Des souvenirs plein les yeux et un goût de reviens-y, une chose est sûre, la Bretagne m’a conquis.