
À la base, je n’ai rien à faire là moi. Je n’y connais que dalle en Formule 1, et encore moins concernant ce qui s’y est passé au siècle dernier. Mais vu l’engouement et la débauche de moyens que ça engendre, pourquoi ne pas aller voir ce qui s’y passe. Alors certes, ce n’est pas un GP mais un “Classic Days”, et au circuit de Nevers Magny-Cours s’il vous plaît. Là où les Grand Prix de France de F1 se sont déroulés de 1991 à 2007. Là aussi, d’ailleurs, où Schumacher a amassé 8 trophées, son plus grand nombre de victoires dans un même pays. Tout de même !
Retour aux sources
Tout a commencé en regardant la série Formula 1 sur Netflix. Jusque-là, amateur de sports à sensation mais pas spécialement de vitesse, je dois reconnaître que mon attrait pour les sports automobiles était minime. Bon, c’est vrai, je me souviens que le film culte Senna m’a fait frissonner (je t’entends ricaner jusqu’ici. Je t’ai prévenu, je pars de loin… J’en avais du retard à rattraper).
L’âge d’or de la Formule 1
J’étais loin d’imaginer que cette discipline pouvait générer une telle rage de vaincre entre rivaux, quitte à parfois risquer sa vie et celle de son binôme au sein de la même écurie. Les clash entre Prost et Ayrton m’ont sidéré ! Il faut dire que la pression ressentie et le goût de la victoire leur faisait perdre les pédales. Sans compter l’amas de pognon qu’il y avait en jeu derrière tout ça. Le nerf de la guerre !
“Du vrai pilotage, de la course pure.”
– Ayrton Senna
Lors du visionnage des images d’archives, je suis fasciné. Elles me plongent dans une époque que j’aurai tant aimé connaître. Le grain des images leur donnent un cachet historique dont je raffole. Les couleurs vives deviennent pastels. Des bords de piste, à la voiture jusqu’à la combinaison, les sponsors de cigarettes et d’alcools étaient placardés à tout va. On pense naturellement à Marlboro, Gitanes, Camel, Martini, mais aussi des marques telles que Canon, Benetton, Gillette…Pour elles, c’était simple, il fallait gagner. Elles se foutaient sûrement de savoir qui montait sur le podium, tant que le type en question était entièrement sapé aux couleurs de la marque. Les montagnes de fric englouties en valait le coup. Après tout, Michael Schumacher a bien remporté cinq titres de champion du monde avec un gros logo Marlbac’ sur sa voiture.
Hommage aux années folles
Je découvre un univers qui m’interpelle. Curieux d’en savoir davantage, j’enchaine les films et les séries en passant par Williams, la guerre des 24 heures… En gros, je me rattrape en me documentant un maximum. L’idée de photographier de tels événements auto m’a tout de suite plu. Pour se faire, j’ai commencé à lister les événements incontournables et cultes, ceux qui se démarquent avec des voitures historiques et atypiques. Rapidement, je découvre les “Classic Days” !
Quelques mois passent et me voilà enfin sur le parking du circuit. A peine garé, je sors précipitamment de ma caisse et j’embarque mon appareil photo. Une fois les présentations faites au service presse, j’enfile mon chasuble média et me dirige instantanément vers les paddocks. Pour ma première couverture presse, j’étais tout excité ! Tout de suite, cette bonne odeur d’essence et de gomme brûlée me frappe. J’aperçois ces machines d’exceptions, monoplaces et prototypes des années 70 à 90, avec, à leur bord, des pilotes hors-pair… Des vibrations sévères me transcendent ! La météo est plutôt mitigée. Du moins, elle ne ressemble en rien à celle du 7 juillet 1991. Ce jour-là, une chaleur accablante a fait suer les 100 000 spectateurs présents pour ce premier GP de France. Aujourd’hui, les tribunes sont bien moins remplies qu’à la grande époque, mais les spectateurs masqués sont tout autant enthousiastes.
Au loin, des moteurs peu commodes retentissent. Je m’en rapproche. Il s’agit là de véhicules d’avant-guerre qui s’échauffent avant le départ. J’apprends sur le tas que la marque emblématique Talbot Lago fête ses 85 ans cette année. Et pour la mettre à l’honneur, une dizaine de modèles de l’époque y sont accueillis, dont certains ayant participé à des Grands prix !
Les moteurs tournent, ça fait un boucan d’enfer. La fumée qui s’en échappe laisse perplexe. Je prends tout de suite conscience de l’évolution faite par les constructeurs auto en l’espace d’un siècle. Une fois les quelques tours bouclés, ces engins old-school reviennent pour laisser place aux monoplaces.
Pendant ce battement, en me baladant sur les stands, je tombe rapidement sur une machine d’exception : le modèle. Pour cette édition 2020, l’équipe en profite pour célébrer l’une des victoires de Peugeot sur l’épreuve du Paris-Dakar, 30 ans auparavant. Quelle chance de la voir exposée ici ! Moins attrayante esthétiquement, est exposée juste à côté sa « jumelle », du moins celle qui a eu l’exclusivité d’être conduite en 1988 par M. Ari Vatanen en personne lors de la légendaire course de côte du Colorado, la fameuse Pikes Peak ! Devenue mythique grâce à Jean-Louis Mourey qui en a tiré le court-métrage Climb Dance où l’on aperçoit Ari Vatanen. Il pilote la Peugeot 405 T16 et en profite pour battre le record sur cette piste poussiéreuse. Il n’y a pas à chier, j’en ai eu des frissons !
« Un défi pour ceux qui partent. Du rêve pour ceux qui restent »
– Le fondateur, Thierry Sabine, associe cette devise à son inspiration.
Je me suis laissé prendre par le temps ! Je fonce alors observer les monoplaces des années 70 à 90 qui s’apprêtent à s’élancer. Les observant avec grande attention, je m’arrête sur un véhicule aux formes atypiques. Il s’agit là de la March 721 du team Williams-Motul. Celle que pilotait Henri Pescarolo lors de la saison 1972. Son originalité se démarque par l’aileron avant. Il faut croire que l’ingénieur qui l’a dessiné, Robin Herd, aimait l’aéronautique et s’est fait un gros kiff. D’après les archives, cet aileron était peu efficace. À terme, il roulait plus souvent sans…
Cet événement a été pour moi la découverte d’un milieu que je ne connaissais que trop peu. Un univers qui m’a fortement inspiré. J’ai essayé d’apporter un autre regard en saisissant des scènes de vie inhabituelles ou des détails auxquels on ne s’attardera peut-être pas. Un traitement et un grain aux photos pour rendre hommage aux images d’archives. J’aimerais en faire plus et vous donner rendez-vous au Mans ou à Goodwood, qui sait ?