Texte & Photos : Baudouin Jager

Alors que tous les évènements auxquels je comptais participer au printemps et en été se voient annulés ou reportés, je dois me résoudre à replonger dans d’anciennes photos. Parmi celles-ci, je retrouve des souvenirs du Circuit des Remparts à Angoulême, première et dernière course historique à laquelle je me sois rendu, il y a presque 2 ans.

Le Grand Prix d’Angoulême a été créé en 1939 et couru de 1947 à 1951. Fangio, Trintignant et d’autres légendes de l’époque y ont participé à bord de Maserati, Ferrari ou Bugatti. Ressuscité en 1978 sous la forme de Grand Prix historique, le tracé de ce circuit de 1287 mètres n’a jamais évolué et grimpe toujours le long des remparts moyenâgeux de la cité Charentaise. Aujourd’hui, le Grand Prix d’Angoulême rend hommage à de nombreuses époques du sport automobile : 6 plateaux consacrés à différentes catégories font vibrer les gradins, comme le Trophée Marc Nicolosi, dédié aux Bugatti de Grand Prix à 8 cylindres, épreuve phare du week-end.

Ce qui rend le Grand Prix si mémorable néanmoins, est l’atmosphère qui y règne. Dès la fin de semaine et jusqu’à dimanche soir, Angoulême se transforme en point de ralliement pour amoureux d’automobiles de collection et de course, pour la plupart venus d’Angleterre. Le samedi, la ville toute entière est animée par le son des essais. Tandis que les pilotes s’entraînent et règlent leurs montures, les spectateurs se baladent en centre-ville et les photographes sont à l’affût du moindre bruit pouvant les guider vers une voiture spectaculaire.

Il n’est pas rare de croiser Bentley Blower, GT Ferrari ou d’autres monoplaces d’avant-guerre inconnues en ville, au pied de la Cathédrale ou devant un restaurant. On se déplace aussi chez les marchands pour ramener un souvenir. Les affiches de la course sont réputées, rendant hommage à l’autre spécialité de la ville, la bande-dessinée.

Les murs tremblent tôt le dimanche matin. Chaque pilote a l’occasion de limer une dernière fois les virages du circuit, à l’affût du moindre dixième pouvant leur assurer un meilleur classement au départ. Pour les spectateurs, et surtout les photographes, la matinée est une opportunité en or pour faire son repérage de circuit et de ses différents points de vue. Sur le Circuit des Remparts, un ticket donne accès à l’ensemble du circuit et surtout, au paddock. C’est cette proximité qui donne un caractère si spécial à la journée et m’a donné les meilleurs souvenirs. On peut s’approcher des mécaniciens réglant leur voiture, sentir l’essence et la chaleur d’une 3-Wheeler partie en qualifications, observer de près une Bugatti Type 35. Croiser Ari Vatanen n’est pas une surprise, ici, les pilotes professionnels se mêlent aux amateurs.

Tôles froissées et phares brisés, certains peuvent rester en course, les autres, moins chanceux ou trop agressifs sont contraints de rejoindre le paddock en dépanneuse, l’honneur blessé. La course est dangereuse. Les accidents, parfois mortels, sont impressionnants. L’épreuve ne doit pas être prise à la légère.

Le dernier plateau à peine aligné, nous devons partir. L’Alfa garée à proximité, il est plus raisonnable de quitter Angoulême avant les bouchons pour assurer d’être à l’heure au dîner. La journée est passée aussi rapidement que les barquettes italiennes devant les tribunes, et j’ai des souvenirs plein la tête. Sur la banquette arrière, je me suis fait une promesse. Je reviendrais sur le Circuit des Remparts, en mobylette s’il le faut !