Photos : Arnaud Wolff Texte : Catherine Boniface

« Avec la terre, l’eau, le vent et le feu, le dévoilement par l’arrière de ce 5ème élément, mélange de courbes et de lignes effilées qui ne semblait pas terrien a été une source d’inspiration incontestable. »

Bernard Abtey est un artiste aventurier, un sculpteur strasbourgeois qui étudie la ligne dans ses œuvres depuis plus de quarante ans.

Bien éloigné du monde de l’automobile, plus proche du Japon et de la pratique du sabre, ce véritable chercheur revendique l’esprit, bien plus que le style qui lui importe peu.

« Le style, c’est la façon de se faire remarquer et de plaire au marché quand l’esprit est la grande manière d’affirmer sa liberté. »

Il croise actuellement l’horizon de l’Océan Atlantique sur la côte basque.
La dynamique permanente de cet élément lui fait déposer son shinken pour décrocher une planche de surf et se lancer à l’assaut de nouvelles aventures.

Réfléchi, minutieux, soigneux, il conçoit ses œuvres comme des pièces d’orfèvre, dans un aboutissement proche de la perfection.

Maitrisant le marbre, le bois ou le bronze, il pense dominer ses thèmes mais en réalité ce sont ses thèmes qui le dominent et il conçoit chaque élément comme une création dès lors que les lignes s’harmonisent.
 

« J’aime me sentir démuni dans certaines situations, pour être entièrement livré à moi même, ce qui m’apprend quelque chose sur le sens de ma réflexion.

Ne possédant que peu de biens ou créations je suis curieux de tout et parfois quelques paramètres viennent croiser mon existence en visiteurs, c’est le cas de la split. »

Pour un artiste aussi exigeant, dire qu’une « voiture est belle et lui plait » ne peut suffire. Il lui faut de l’histoire, du concept, du sens… un esprit.

Conjonction de situations – la rencontre avec cette Corvette en est un exemple désigné.

Début des années 60, Chevrolet propose à Larry Shinoda, un japonais installé à Los Angeles, de lui designer une nouvelle voiture sous le regard attentif de Bill Mitchell. 

Son futur axe de création sera l’océan.

L’arrière du bolide qui présente une étonnante épine dorsale qui s’étend du sommet du toit à l’extrême pointe arrière et sépare la lunette arrière en deux parties symbolise l’arrête dorsale de la raie pastenague. Les branchies en sont visibles sur le coté haut.

Quant à l’avant du véhicule, il s’inspire d’un profil de requin avec ses branchies sur le bas du côté.

Comme toutes les corvettes, cet élégant modèle baptisé Sting Ray split window 63 est réalisé en fibre de verre. Elle a gagné la prestigieuse course Riverside Race à Los Angeles en 1962. Cela suffit pour séduire Abtey…

« Quand vous entrez dans cette automobile, c’est comme si vous vous
placiez dans un espace, au centre d’une œuvre, dans une autre temporalité. Vous donnez du temps au temps. »

« De toutes mes années de recherches et d’analyses je pense pouvoir affirmer que chez le créateur c’est l’idée directrice qui préside la vie, et chez l’artiste l’idée directrice nait du travail. Je suis de ceux qui travaillent.

En scrutant toutes les coutures de cette automobile, je mesure l’intense défi technique et esthétique que se sont lancés Larry Shinoda et Bill Mitchell pour produire une voiture de sport futuriste aux USA en 1962. »

La belle combinaison se poursuit pour cet artiste, quand il fait la connaissance de JC Rodriguez de Rétro Garage dans le Gers qui assure le fonctionnement de ce muscle car V8 de 360 chevaux, doublée de la rencontre d’Arnaud Wolff réalisateur, alsacien comme lui même, qui nous donne à voir deux magnifiques films de « Lifestyle », un véritable supplément d’être !  


Retrouvez le travail de Bernard Abtey sur son site Internet : abtey-sculptures.com