
Pour la plupart des gens vivant avec cette société de consommation, le Saint Graal est l’objet brand new, clean, neuf, brillant, et rutilant. Quand tu vois que des meufs de dix-huit ans font des rhinoplasties, et que la vie sous filtre Snapchat où tout est lisse est un idéal, ça ne fait qu’appuyer mon idée. Et il en va de même pour les automobiles, même celles qui ont cinquante piges, que l’on veut avoir comme si elles sortaient de l’usine. C’est très caricatural bien sûr. Tout le monde n’est pas comme ça, mais bref… J’avais surtout envie d’évoquer ma lubie de la vieillerie. Quand on possède quelque chose qui fonctionne, pourquoi le remplacer constamment ?
D’ailleurs, il existe un mouvement au Japon qui s’appelle le « wabisabi » et qui est assez intéressant.
Wabi : solitude, simplicité, mélancolie, nature, tristesse, dissymétrie.
Sabi : l’altération par le temps, la décrépitude des choses vieillissantes, la patine des objets, le goût pour les choses vieillies, pour la salissure…
L’objet devient alors une œuvre d’art unique et pas une énième chose retapée comme neuve. Attention je n’ai rien contre les restaurations et surtout les artisans qui les réalisent. On peut tout simplement apprécier que nos objets vieillissent avec nous et évoluent, gardent les marques du temps et de leur utilisation, comme un bon denim ou une paire de shoes en cuir… On les aime bien patinés.
Quand la trend est à l’électrique (qui au final ne paraît pas si écolo à produire, « bô c’est pas grave si ces matières premières sont extraites en chine – lol »), il y a toujours une bande d’irréductibles dont Aymeric fait partie… C’est grâce à Nico, de Drapeau noir, que nous nous étions rencontré il y a quelques temps car il se doutait qu’il y aurait des connexions à faire.

Effectivement quand tu le vois arriver avec cette petite grenouille, forcément ça ne laisse pas indifférent. À première vue, on se dit : « quel enfer !! », ou « quelle merveille !! ». On s’imagine toutes les aventures que cette titine a pu vivre au cours de sa longue et tumultueuse vie, et les anecdotes qui vont avec ! Pour rien au monde on a envie d’enlever le maïs sur le tableau de bord… On a envie d’admirer chaque imperfections, craquelures, bosses de la carrosserie. C’est rempli d’histoire, de souvenirs qui font le charme de l’objet dont on a envie de prendre du temps à contempler.
On partage aussi les histoires, le temps passé à déambuler dans la campagne à la recherche du barnfind, des rencontres improbables que l’on peut faire, certaines personnes ne réalisent pas le trésor qu’elles ont. Cette chasse au trésor fait aussi partie du jeu et devient tout aussi addictive. Ce n’est plus seulement la voiture en elle-même mais tout ce qu’il y a autour, les échanges, les rencontres…
Et là, on peut discuter des heures, chose qu’on a faite au bar après ce shoot improvisé. Quand tu es à bord de cet O.V.N.I., tu abordes le voyage autrement, et pas besoin d’aller bien loin pour kiffer… Ce qui est amusant c’est le regard des gens dans la rue qui hallucinent, « comment est-ce que ce truc roule encore ? ». Et là on ressent un petit sentiment de satisfaction malicieux à sortir de la masse…
Au final, la parfaite imperfection !