Texte & Photos : Roman Raetzke

« Besoin d’une voiture pour l’hiver ? »

Je n’étais pas préparé à répondre à cette question de Benjamin Voss,
l’attaché presse de BMW Classic, alors qu’il était à l’autre bout du fil. 
« Euh, c’est à dire que j’ai une voiture… 
— Non, tu as besoin d’une voiture d’hiver. C’est sûr ! »
De toute manière, c’était Benny qui décidait.

La voiture d’hiver en question est une BMW E12 525 de ’74, teintée d’un orange inka, et donc bien nommée «Inka». Pendant huit semaines, la voiture provenant de la collection historique de BMW Classic devait passer entre les mains de plusieurs instagrammers, avec comme unique objectif de la rouler pendant l’hiver.

Le 2 janvier, j’étais donc dans la Speicherstadt de Hambourg, sous la pluie, et attendais que Daniel (@bmwjogge) me remette les clés. Il était déjà sur la route depuis une semaine, à sillonner les Alpes, et il était un peu triste de devoir rendre la voiture.

Une fois en route, mon chemin me conduisit à travers la romantique Rothenburg jusqu’à la vallée enneigée du Lungau dans la province de Salzbourg. On dit que c’est la vallée la plus froide de toute l’Autriche et c’est exactement pour cela qu’il y a le Lungauring chaque hiver : une petite piste de course entièrement faite de glace pour les enthousiastes. Inka était déjà venue ici une fois auparavant, en 2018, à la « dérive sur glace » organisée par Heinz (@raabmotorsport), propriétaire d’un garage à Linden en Bavière. Cela nous donnait une bonne excuse pour que la voiture prouve son savoir-faire et son ADN, en nous montrant comment glisser sur la glace.

« Mais il faut d’abord brosser la boue salée du passage de roue. Je ne veux pas que vous répandiez du sel de déneigement sur la piste », expliquait Heinz Raab, avant que nous prenions la piste.
Après ce court voyage en Autriche (1500 km), qui n’était en fait qu’un prélude – et parce que tout le monde peut faire les Alpes – je voulais aller avec Inka dans des endroits où l’on ne va pas habituellement avec une voiture ancienne. Et c’était dans la mer du Nord que je voulais la voir évoluer. Oui, vous avez bien lu : dans la mer du Nord.

Nous voilà en route vers cette destination incongrue : l’île danoise de Rømø. Avec une plage de sable de 2 km de large et de 16 km de long qui peut être parcourue en voiture, c’est le terrain de jeu idéal pour toute voiture à propulsion. 

Evidemment, on peut se demander si je suis fou. Si c’est une bonne idée de conduire une E12 extrêmement rare, de la première phase, sur la plage salée d’une île danoise de la mer du Nord. Et la réponse doit être : oui. C’était en fait une très bonne idée. 

C’est aussi ce que pensait  Ingmar (@ingmarbtker), le Copenhagener de prédilection, que j’ai pris en chemin. 

Sur place, et face à l’étendue de sable, Ingmar et moi décidions qu’il nous fallait absolument un accessoire spécial pour les photos sur la plage: une planche de surf bien sûr. Parce-que la mer du Nord est le paradis des surfeurs. Peut-être pas en janvier, mais bon…

« Bonjour, nous cherchons une location de planches de surf. »

La dame de l’office du tourisme me regarda avec stupeur. 

« Vous voulez surfer ? En janvier ? »

« Non, on a juste besoin d’une planche de surf. On ne sait pas surfer. »

Le regard de la femme devint encore plus sceptique. 

« Vous pouvez oublier cela. Il n’y a rien d’ouvert ici en janvier. Mais si vous tournez à gauche au deuxième feu, puis à 300 m à droite, puis à nouveau à gauche, vous trouverez une caravane avec un magasin de location. Il est peut-être ouvert. Mais je ne pense pas. »

Il semblait donc impossible de trouver une planche de surf pour les photos. Résigné, je me suis retourné et j’étais sur le point de quitter l’office de tourisme lorsque Jakob (@jakobankerpetersen) m’interpella. Le danois, qui vit et travaille à Rømø, nous proposa d’emprunter une de ses planches de surf. Jackpot.

Nous allions à la plage avec une de ses planches (orange, bien sûr) pour prendre les photos que nous avions en tête avec une lumière parfaite et un ciel spectaculaire au coucher du soleil. Mais cela faillit ne pas arriver, car nous n’avions pas tenu compte de la météo: 3°C et un vent de force 7659823487. J’avais l’impression que le ressenti était de -70°C… au moins. 

C’était pas plus mal qu’Ingmar porte sa fine veste en cuir après tout.

Avec toutes ces photos, nous avions presque perdu de vue le véritable objectif de notre journée : utiliser le concept de transmission de la E12 et « redessiner » la plage – en faisant des donuts. Ingmar faisait rugir le moteur et laissait l’arrière du véhicule partir dans tous les sens, d’abord en petits cercles, puis en cercles de plus en plus grands. Le vent ne nous importait plus, au final nous étions au chaud. Et l’hiver devrait rester là où il était: devant la porte.

Finalement, pour répondre à la question initiale : oui, j’avais besoin d’une voiture d’hiver. Juste pour ça.   

Mes remerciements vont à @bfvoss, @bmwclassic, @ingmarbtker, @raabmotorsport et @jakobankerpetersen.